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Héros de fil et de bois
Divertissement des ouvriers, les spectacles de marionnettes à tringle s’inscrivent dans l’histoire industrielle du Nord et dans celles de nombreuses villes à l’image de Lille et Roubaix qui en portent encore la mémoire.
L’exposition transporte le visiteur sur les différentes scènes installées dans les caves et les petits théâtres autour des usines de Lille et de Roubaix. Là, s’animaient les comédiens de bois et se construisaient les imaginaires des populations ouvrières. C’est sur les cimaises de la salle des malades que chevaliers, dames de la haute société, mousquetaires dans leurs costumes chamarrés ou encore et surtout les héros populaires comme Jacques et Long-nez accueillent le public et se donnent aujourd’hui en spectacle.
Inspirés de la littérature classique et des livrets d’opéra, les spectacles - pièces de cape et d’épée, drames historiques aussi bien que légendes locales- forment les répertoires des théâtres et participent à l’éducation des classes ouvrières. Les chansons patoisantes et les sympathiques boboches - petites pièces comiques en patois local - trouvent elles aussi leur place et portent toute la tradition du Nord.
Au travers des portraits de quelques « tireux d’fichelles », le savoir-faire des marionnettistes du Nord, inscrit dans le contexte de la révolution industrielle, est également raconté.
Dialoguent ensemble près de trois-cents pièces dont l’émouvante collection du théâtre du Lillois Louis De Budt conservée par le musée , la riche série de marionnettes du Théâtre Louis Richard de Roubaix mais aussi un bel ensemble de pantins, de costumes et de photographies appartenant au Mucem de Marseille.
Deux castelets - ces scènes où le spectacle se déroule - l’un roubaisien, l’autre lillois - , figurent parmi les pièces emblématiques de cette exposition. Si le cri du sonneur de cloche appelant au spectacle ne résonne plus dans les rues des cités, les marionnettes restent les symboles d’une authentique culture populaire et la mémoire des jours de fête où les ouvriers s’en allaient « al’ comédie » puiser un peu de rêve et de gaité.