• Jacques de Lille

    Nom
    Jacques ou « cousin Jacques »

    On sait que depuis le Moyen-Âge, le nom de Jacques Bonhomme était par dérision celui que l’on donnait aux paysans réputés niais et balourds. Diderot dans Jacques le fataliste et son maître, en fait un valet raisonneur. Molière dans l’Avare donne à Harpagon un domestique aussi bien cuisinier, valet et cocher qu’il nomma Maître Jacques et ce nom est demeuré dans le langage imagé pour désigner ironiquement un personnage subalterne. Il est incontestable que le créateur du Jacques lillois connaissait fort bien les classiques du théâtre du XVIIIe siècle qui donnaient au valet de comédie le rôle de confident du maître.

    Date et lieu de naissance
    1845, à Lille

    Taille
    85 cm (sans la tringle)
    155 cm (avec la tringle)

    Type de marionnettes
    Marionnette à fils et à tringle.

    Personnage en bois de tilleul, sculpté pour la tête, les mains et les avant-bras et les membres inférieurs. Le reste du corps est en tissu rempli de bourre ou paille. Outre la tringle retenue par un crochet fiché dans la tête, cette marionnette, typique des comédies lilloises, comporte deux fils pour les bras et deux fils pour les jambes. Seules les jambes sont articulées.

    Apparence physique

    Héritier des valets de comédie du XVIIIe siècle, Jacques en porte, dès l’origine, la livrée ou uniforme en velours rouge : jaquette ou carmagnole, chemise blanche, culotte courte, tricorne et souliers ferrés.

    C’est un jeune homme bien bâti au large sourire et au teint coloré. Il est truculent et audacieux. Armé d’un bâton, il punit les méchants et défend les faibles. Louis de Budt lui fait quitter le costume de valet et en fait un ouvrier habillé d’un sarrau et d’un pantalon bleus, plus proche du costume de l’homme du peuple qu’il incarne. Une étrange cape achève sa tenue, peut-être la trace d’une de ces dernières apparitions dans une grande pièce dramatique ?

    Au XXe siècle, s’adaptant au goût de l’époque, il prend des allures de Charlot.


    Profession

    Il est le fidèle valets des grands premiers rôles des pièces à succès comme Don Juan, Robert le diable, La tour de Nesle ou l’opéra comique Fra Diavolo.

     

    Jacques de Lille

    Mais très vite, il devient un héros populaire qui excelle dans les vaudevilles lillois. Dans ces petites pièces comiques en patois local, la réalité sociale est bien souvent inversée : le riche est ridiculisé et le pauvre prend sa revanche et Jacques y tient le premier rôle ou tout au moins un des rôles importants. C’est souvent sur son jeu que repose toute l’action. Grâce à son intelligence et à son dévouement, le vice est toujours puni et la vertu récompensée.

    Il peut faire aussi office de présentateur des spectacles.

    Signes particuliers

    Le Jacques de Lille est est mis à l’honneur dans la Canchon dormoire d’Alexandre Desrousseaux , en 1853 :

    Nous irons dins l’cour Jeannette-à-Vaques
    Vir les marionnett’s. Comme te riras,
    Quand t’intindras dire : Un doup pou’ Jacques ! »
    Pa’ l’porichinell’ qui parl’ magas ».

    Jacques est le type de l’homme dévoué, posé, réfléchi, gai et déluré sous ses allures placides et gauches, et doté d’un vif esprit inventif. Le crime, la trahison, les mauvaises actions le révoltent et il est donc aux services des plus faibles et des opprimés.

    Sa langue est celle du patois de Lille ce qui permet au public ouvrier de s’identifier à lui et de l’inscrire comme une figure authentique de la culture populaire du XIXe siècle.

    L’expression de la fin du XIXe siècle « Faire le Jacques » signifie faire l’imbécile dans le but de faire rire.

    Jacques de Lille

    Famille

    Il est accompagné par son cousin, Long-nez, qui lui sert de faire-valoir. Célibataire endurçi, on lui suppose cependant une amourette avec une Jacqueline que l’on trouve chez le marionnettiste Gustave de Budt.

     

    Ses alter ego

    Jacques Linflé au Théât’Louis, comédien de bois des bamboches ou boboches roubaisiennes. Imaginé en 1870, par Louis Richard, ce personnage est gros, épais et chauve. D’abord flamand, il change de langue et s’exprime en patois. Moqueur et pas vraiment malin, il est accompagné de P’tit Morveux, gavroche frondeur et insolent auquel peuvent s’identifier les jeunes ouvriers.

    Lafleur aux Cabotans d’Amiens dont la plus ancienne marionnette retrouvée date de 1810. Il porte toujours l’uniforme rouge du valet et un tricorne.
    Il a le verbe haut, il est franc et courageux et défend les valeurs républicaines. Si ses bras sont articulées, ses jambes demeurent raides ce qui lui permet d’effectuer son légendaire coup de pied pour ébranler l’ordre établi et défendre le petit peuple. Sa devise est : « bien boère, bien matcher et pis ne rien fouaire ». En 1902, il trouve une compagne, Sandrine, qui porte le costume des ouvrières du textile.

     

    Voir le site web du Théâtre de marionnettes le P'tit Jacques à Lille -----> ici

     

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