• La langue

    La langue

     

    Il n’y a pas de théâtre d’acteurs, ni de théâtre de marionnettes sans le jeu de la langue. Le théâtre de marionnettes des quartiers ouvriers du XIXe siècle est le lieu où se joue la rencontre conflictuelle entre les langues : le français systématiquement enseigné depuis 1880, le picard issu des campagnes françaises et du Hainaut, le picard belge et quelques autres dialectes régionaux vite oubliées. Avec l’industrialisation des villes, le picard venu des campagnes devient la « langue de l’usine » et naturellement celle des montreurs ouvriers. Patois local ou picard et langue française viendront donc animer de concert les scènes des théâtres d’ouvriers.

    Traditionnellement, pour interpréter au devant de la scène les pièces du grand répertoire ou celles relevant des grands épisodes de l’Histoire de France, c’est un français que l’on pourrait définir de régional, qui est utilisé afin notamment d’instruire les ouvriers, émigrés ou non.

    Et c’est le picard qui est mis à l’honneur dans les petites saynettes comiques qui clôturent les représentations : les boboches* ou bamboches* très appréciées du public de Roubaix et leur équivalent à Lille, les vaudevilles qui étaient cependant moins appréciés du public lillois lui préférant, sans aucun doute, le mélodrame.

    La langue

    Les canevas des vaudevilles et des bamboches sont généralement très courts et construits autour d’une situation cocasse créée sur mesure pour des héros populaires incarnant le peuple dans sa grande diversité et l’on voit bien souvent les incarnations de héros ouvriers roubaisiens sont placés dans des situations ou des anecdotes de la vie courante.

    Ainsi le public peut se reconnaître ou reconnaître leurs voisins qui tiennent la vedette : Bibi-lolo (Premier comique, vient demander aux spectateurs ce qu’ils souhaitent voir la semaine suivante : on débat, on vote et Louis Richard suit la décision majoritaire), Jacques, Long-nez, P’tit Morveux ...
    L’affaire ou l’intrigue est le plus souvent dénouée de façon simple avec force coups de bâtons évoquant des liens avec le répertoire du guignol lyonnais classique.

     

    * DE L’ESPRIT ET DE L’HUMOUR

    Ces "bamboches" ou "boboches" constituent un supplément au programme. Si l’on s’en tient au mot "Bamboche", on pourrait naturellement le rapprocher de l’italien "Bamboccio" qui signifie pantin.
    A Paris en 1667, on trouvait dans le quartier du Marais, un Théâtre des Bamboches.
    Si l’on retient le mot "Boboche", ce terme pourrait provenir du vieux verbe "bober" qui signifie à la fois tromper, railler, se moquer et qui serait à l’origine du mot "bobard".

     

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