-
La marionnette en Europe à partir du Moyen-Age
De tous les temps, l’origine de la marionnette est avant tout une création religieuse.
Au Moyen-Âge, ceux sont les prêtres qui ont pour habitude d’utiliser des poupées à l’effigie de la Vierge Marie pour illustrer leurs sermons et ainsi rendre plus facile la compréhension des dogmes de la religion. Cette pratique liée au culte est, sans conteste, un moyen d’évangélisation et d’enseignement religieux pour des populations illettrées qu’il faut donc convaincre et éduquer à la fois par les images et le théâtre…
Les marionnettes restent donc très longtemps cloîtrées dans les églises et les temples où elles rythment la vie des fidèles. Au Moyen-Âge, il est donc naturel de voir figurer à proximité des autels des églises ces figurines animées représentant des scènes de l’Évangile. Interdites toutefois par le Concile de Trente (1545-1563), elles quitteront les lieux de culte et se retireront sur les parvis des églises et investissent la rue. Si dans un premier temps, les montreurs de marionnettes puisent toujours leur répertoire dans les saintes écritures, ils s’intéresseront progressivement à la vie sociale et économique de leurs semblables. Aussi, tout au long du Moyen-Âge, la marionnette tend à osciller entre sujets profanes et religieux avant d’investir plus précisément des thèmes liés à la vie ordinaire.
Se détachant peu à peu du contexte religieux, l’art de la marionnette s’est donc naturellement sécularisé. Des Mystères et des épisodes de la vie des Saints joués sur les parvis des églises aux exploits des héros légendaires joués sur des tréteaux improvisés, le répertoire s’humanise peu à peu, se rapprochant de plus en plus du quotidien des gens, en utilisant l’humour et la fantaisie.
Les travers de la bourgeoisie et de la noblesse, les écarts de l’Église ainsi que la misère des petites gens deviendront leurs principales sources d’inspiration.
Devenu un des spectacles préférés du public, l’objet de transposition qu’est la marionnette ne sera dès lors que très rarement censuré. Les troupes de marionnettistes, souvent familiales, disposent en général de structures légères, pratiques et fonctionnelles, leur permettant de se produire dans la rue comme en intérieur. Cette grande mobilité va favoriser leur développement sur le continent européen et permettre de façonner toute une galerie de marionnettes aux caractères affirmés et aux physiques typés pour dénoncer avec satire tous les excès de la société.
C’est en Italie que les marionnettes ont été les plus appréciées. Elles se rapprochent, par le choix des personnages comme des sujets des pièces d’ailleurs, de la Comedia dell’arte, allant jusqu’à parfois le fantasque de ces comédiens nomades. Fantoccini - marionnettes à fils - et Pupazzi - marionnettes à gaine - paraissent alors soit dans des loges ou en plein-air. On les croise, à la fois, sur les planches des castelli comme au sein des théâtres ambulants, sous les travées des théâtres fixes ou bien encore dans des salles couvertes dîtes à demeure.
Ce n’est qu’au cours du XVIIe siècle que la distinction entre marionnettes à fils et marionnettes à gaine se fixe notamment dans le choix du répertoire. Bien qu’évoluant en marge du théâtre officiel, la marionnette à fils aime à se produire sur la scène de théâtres semblables aux grands théâtres d’acteurs allant même jusqu’à s’efforcer de reproduire l’exact jeu de ces acteurs contemporains à l’occasion de parodies de pièces littéraires de l’époque.
Riche de ces expériences passées, elles se sécularisent dans les salons se pliant à tous les genres dramatiques et aux mélodrames. Quant à la marionnette à gaine, elle trouve tout naturellement sa place dans le répertoire des pièces populaires en improvisant dans un langage familier.