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La tentation de Saint-Antoine
L’Occident connaît trois grandes tentations, celles de saint Antoine, de Faust et de Don Juan, trois types bientôt élevés au rang de mythes : lutte ascétique d’Antoine contre les séductions du Malin, engagement insatiable de Faust dans la voie des connaissances interdites, quête dévorante du trompeur Don Juan se jouant de l’amour et de la mort.
Saint de légende, Antoine passa presque toute sa vie dans la solitude des déserts d’Égypte. C’est dans sa retraite de Pispir qu’il fut assailli par des visions démoniaques racontées dans sa Vie par Athanase d’Alexandrie (vers 360), diffusées en Occident par La Légende dorée de Jacques de Voragine (entre 1250 et 1280) et connues sous le nom de « tentations ».
Au XIXe siècle, pratiquement tous les théâtres de marionnettes y compris les plus modestes, ont la Tentation à leur répertoire ; elle est donnée dans toutes les foires. La pièce dure environ vingt minutes. Composée de textes et de chants, elle prend part dans un décor explicite comme la grotte aux fournaises symbolisant l’enfer et met en scène les différents protagonistes de l’histoire tels saint Antoine et son fidèle cochon Saligaud, Pluton et Proserpine, roi et reine des enfers, leur ministre Crésus ...
Le roi des enfers (qui peut prendre la forme d’un dragon dans certaines pièces populaires) et sa femme se plaignent auprès de Crésus de la diminution du nombre de damnés depuis l’arrivée d’An-toine dans une forêt d’Egypte. Ces trois partenaires jurent d’arrêter ce scandale en tourmentant le saint réfugié dans la prière, tentant d’abord de le soudoyer par les richesses, puis par la luxure. Ces artifices ne fonctionnant pas, tous les diables se déchaînent : ils démolissent l’ermitage d’Antoine, boutent le feu à la queue de son cochon et entraînent le saint dans leur sarabande.
Parait alors un ange qui rebâtit la chapelle et transforme le dragon Pluton en corbeille de fleurs.
En apothéose, Antoine monte au ciel suivi du cochon.