• Révolution industrielle et divertissement ouvrier

    Au XIXe siècle, la « révolution industrielle » née de l’utilisation de la vapeur et des progrès techniques affecte l’économie du Nord et, plus particulièrement, le plus vieux secteur de l’industrie septentrionale, le textile. Au cours de ce siècle, l’essor de l’industrie textile fait de Roubaix et Tourcoing « les centres d’un empire de la laine » alors que Lille anime « un royaume du lin et du coton ».

     

    Cependant, les chiffres records de production signifie pour une minorité un fabuleux enrichissement et pour la très grande majorité des conditions de vie pitoyable et des sommes de travail énormes. Dans les fabriques, le travail subordonne l’ouvrier à la machine et les besognes les plus modestes sont régulièrement confiées à des enfants et à des femmes dont le salaire ne représente que 50 à 70 % de celui des hommes.

     

    Dès le milieu du XIXe siècle, les ouvrières et ouvriers du Nord, déracinés du monde rural, ne suffisent plus à combler les énormes besoins de main-d’œuvre du patronat.

     

    Les usines de Roubaix, Tourcoing et Lille agissent comme de puissant aimant pour attirer et concentrer des populations venues de tous horizons. A la suite d’une sévère crise agricole qui touche la Flandre dans les années 1850, un exode massif de travailleurs belges transfrontaliers va permettre la poursuite du développement industriel de la métropole lillois.

     

    L’afflux de ces populations est si considérable qu’au recensement de 1886, par exemple, la moitié des habitants de Roubaix est de nationalité belge. A cela s’ajoute le fait qu’un grand nombre d’ouvriers belges, tout en travaillant dans l’agglomération lilloise, continuent de résider en Flandre. Loin d’être accueillis à bras ouverts, ces travailleurs belges sont accusés d’alimenter une concurrence déloyale sur les salaires et de nuire au mouvement ouvrier par leur trop grande « docilité ».

    Cette concurrence entre ouvriers français et belges, suscite de fait des tensions pouvant parfois mener à des formes de xénophobie au sein de la classe ouvrière.

    Dans un paysage urbain dominé par la fabrique, la violence du travail quotidien ne laisse guère de place aux loisirs. Néanmoins, pour s’évader après leurs dures journées de labeur, les ouvriers fréquentent les estaminets qui servent souvent de refuge et de lieux privilégiés de sociabilité. Petit à petit, une véritable culture ouvrière se constitue avec, par exemple, les jeux, la colombophilie, la multiplication des sociétés musicales ou les spectacles de chansonniers. C’est dans cet environnement que va se développer un art admirable fait par des ouvriers, pour des ouvriers, celui de la marionnette.

     

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